« Le XXIe s. sera celui du cerveau » disent les neurosciences.

 

Le marbre, choisi pour réaliser les objets de cette série de sculptures, opère comme l’antithèse de l’immatérialité et de l’abstraction. L’abstraction de la pensée bien sûr mais aussi l’abstraction numérique. Le poids et la dureté de la pierre forcent la présence matérielle de l’objet et dans l’élan pose la question de la place du corps face à une technologie qui prône la dématérialisation. La sculpture ici installe un recul critique dont le spectateur doit se saisir.

 

En opposant le monde de la matière à la sphère digitale, Vincent Du Bois s’intéresse à la distanciation qui s’installe entre le haut et le bas de la machine humaine, entre corps et esprit. Les images virtuelles, les modes de connexions qui nous mettent en réseau ou le filtre des écrans par lesquels nous recevons des milliards d’informations sont abstraits et c’est parce que nous sommes équipés d’une capacité de pensée symbolique que nous pouvons à la fois créer et suivre cette évolution. Au centre de ce processus se trouve le cerveau, outil majeur de notre perception. Mais qu’est-il sans les armes perceptives du corps ? Pour illustrer ce paradoxe d’une virtualité omniprésente et omnipotente, les objets sculptés dans le marbre par Vincent Du Bois s’inspirent de l’esprit (crâne et cerveau). Les sujets sont repensés dans leur aspect formel et se rationalisent (cerveau ou crâne cubique) ou se dévoilent autrement (cerveau déplié). Portés par l’aspect tantôt cristallin, opaque ou translucide de la pierre, les sculptures véhicules de nouveaux messages et ouvrent le débat au-delà de la représentation biologique. Les avancées en biotechnologies sont si vertigineuses d’innovations que pour la première fois en 4,5 milliards d’évolution organique, une intelligence inorganique est en ligne de mire. Les micro-technologies sont maintenant en phase de plonger dans nos corps et nos esprits pour les améliorer. Scénario inédit dans notre histoire, l’évolution se ferait alors à dessein. Un dessein conçu par et pour l’humain, contournant le lent processus de l’adaptation et de la sélection naturelle. Pas de nostalgie pourtant dans le travail de Vincent Du Bois. Au contraire, l’art est ici utilisé pour participer et questionner à la fois un progrès qui va plus vite que notre sagesse et une science qui impose sa puissance en nous privant de toute notion de choix. L’artiste prend plaisir à jongler avec ces thèmes (génie génétique, cyborgs, intelligence artificielle, vie inorganique) dont personne ne peut prévoir encore la tournure. Les œuvres conçues pour cette série font le grand écart entre la tradition sensuelle de la main qui façonne la matière et la planification numérique qui la contourne.

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