Fusions & Fissions
« C’est comme si la force de fusion provoquait de multiples fissions »(Ignacio Ramonet, le Monde diplomatique 1995)
(Ignacio Ramonet, le Monde diplomatique 1995)
Cette série de sculptures disposent systématiquement deux disques concaves en métal assemblés et marqués de multiples craquelures donnant à l’ensemble un aspect puzzelaire. Ces fissures expriment ce double mouvement contradictoire entre fusion et fission. Formation ou décomposition ? L’énigme demeure mais la forme se tient, figeant dans la matière ce moment d’équilibre. A l’intérieur de l’espace concave laissé par les disques adossés, est placé un éclairage qui laisse passer la lumière au travers du jeu des crevasses, accentuant l’opposition entre cohésion et éclatement. Lourde de sa matière de jour et légère de sa lumière la nuit, fusion&fissions exprime la riche et complexe, voir paradoxale, dichotomie qui se cache entre faire et défaire.
Sous l’égide de la mondialisation les grands mouvements socio-politiques de notre époque créent cette double tendance qui uniformise et rapproche à la fois. La question est aussi philosophique, puisque gommer les différences comporte des avantages et des inconvénients. Peut-on unir sans détruire ? Peut-on rassembler sans étouffer détails ? Dans un monde qui se globalise la question est d’actualité. Fusionner sans provoquer des fissions ? Peut-être que le défi relève de l’impossible, puisqu’il oppose deux mouvements contradictoires. En tout cas l’idée peut se reporter à toutes les échelles, de l’humain au groupe, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. C’est la dimension intemporelle et universelle de cette citation qui sert l’œuvre, lui permettant de saisir dans la matière ce fragile équilibre.
Déchirures
Ensemble de petites sculptures en métal qui utilise la fissure comme symbole de l’accès à la réalité intangible. Le thème de l’intuition, de l’idée, de la conscience ou de l’intelligence est en filigrane de cette série. Via le passage de la lumière au travers d’une matière percée, c’est le principe de l’accès soudain à une dimension inattendue qui est mis en scène.
La dimension d’accident, de rupture, voire de hasard est donc inhérente à cette démarche où la stabilité du matériau et la cohérence de la forme sont mis à mal par un événement extérieur et imprévisible. La vie, elle-même probablement née de l’accident, est aussi une composante de ces déchirures où la dimension sexuelle plane en filigrane.